Les moissons du coeur…

 

 

Il est vrai que si vous questionnez les marocains d’un certain age…disons les plus de vingt cinq ans, vous trouverez sans aucun doute associé à leur souvenirs de bonheur pré pubère, l’odeur et la saveur agréable du pain. Pas n’importe quel pain non. Je parle de ce pain qui était traité avec respect, auquel la ménagère vouait tout un rituel respectueux dans sa fabrication. Un rituel qui semblait être la continuité de l’allaitement, maintenant cette relation affectueuse entre la mère et son enfant, venant ainsi renforcer l’image respectée de la « mère », imprimant en « icône » dans les « moi » en gestation de sa progéniture son haut statut dans l’échelle du respect. Un respect gravé à l’effluve savoureux dans le mental encore innocent.
C’est sans doute ce qui pousse encore les gens de la génération précitée à se baisser pour ramasser un morceau de pain qui traîne par terre pour le mettre de côté, à l’abri de la souillure, en prenant soin de l’embrasser auparavant. Un acte témoignant la grâce rendue à toute la noblesse d’un lien d’amour tissé dans le froment….j’ai toujours trouvé cet acte d’une infinie grandeur d’âme, résumant tout le cycle de vie de l’humanité, un cycle reliant la terre au ciel en passant par l’homme dans un souffle d’amour…

La feuille au vent se laisse bercer
une douce chanson que la pluie a versé
Ce n’est rien
Juste le temps qui passe
Au gré des saisons
Les blés reviennent
Les hommes s’en vont

…le pain reste

kb…la3jina